Deuxième volet de mes entrainements durant le confinement.
Jennifer Hartswick
Jen Hartswick est une chanteuse américaine qui accompagne de nombreux artistes. Elle a également un projet solo et travaille régulièrement avec Nick Cassarino. Il s’agit ici de compositions originales jouées live que l’on peut retrouver avec des arrangements plus poussés sur son dernier album. https://www.jenniferhartswick.com/
Un mix, une fois de plus intéressant : comment mixer un guitare-voix? Mono avec la guitare et le chant au milieu et juste les reverb stéréo ? En les pannant chacun d’un côté comme les premiers mix stéréo de Bob Dylan ? Chez Telefunken, ils ont décidé de respecter le placement physique des musiciens sur scène mais cela donne un mix déséquilibré. J’ai donc choisi de rendre la guitare stéréo et omniprésente en arrière-plan, en créant un tapis sur lequel la voix pourrait se reposer et s’exprimer pleinement.
Le mix de la vidéo d’origine est très « live » c’est-à-dire peu produit avec peu d’effets de production ce qui correspond bien à la démarche recherchée (une prestation live pour une vidéo YouTube), mais selon moi cela ne rend pas honneur aux compositions et à la performances des musiciens. Le jeu de Nick Cassarino sur sa guitare électroacoustique est très original, riche et moderne, voire virtuose. Cela m’inspire plutôt une production très moderne, punchy, voire urbaine, et produite avec pas mal de compressions, des delay, etc.
Si on compare avec la mix de Telefunken, on a certes quelque chose de très épuré mais très effacé en termes de puissance et d’impact, où on a du mal à rester concentré et à être attrapé par la chanson. Je trouve que j’ai réussi à rendre le morceau excitant, à mettre le focus sur la voix et mis le jeux de guitare en valeur.
Le mixage, c’est toujours faire des choix. À chaque fois qu’on prend une décision, on renonce à une autre possibilité. Plus on va compresser pour avoir ce son « in your face » moderne plus on va perdre de « l’espace » et de l’authenticité. C’est ce que je reproche à l’album « Folklore » de Taylor Swift qui, malgré son retour aux sources folk, reste « très (trop) mixé » comme un hit FM et, à mon humble avis, on perd en authenticité et en émotions… Un mix plus brut, dans la veine de l’Americana de Fleet Foxes ou des Lumineers aurait été plus intense émotionnellement.
J’aurais plutôt tendance à emprunter le chemin de l’authenticité, mais j’ai ici décidé de faire une « Grosse Prod FM » (dans la limite du raisonnable). Mon mix et celui de Telefunken proposent chacun une démarche différente et presque à l’opposé et c’est très bien. J’ai été ici inspiré par un certain chemin, une autre fois ce sera peut-être différent !
West End Blend
Un Groupe de Soul/funk américain. Retrouvez-les ici :http://www.westendblend.com/
On a donc le droit à une version live d’une composition de Stevie Wonder. Il s’agit d’une vraie prise live avec tout le monde sur la scène et une repisse générale dans tous les micros. Le mix de base est correct avec notamment une caisse claire et une voix en avant mais, comme pour Jen Harswick, je trouve que l’ensemble manque d’excitation, de punch et de focus : je voulais entendre un gros traitement, une grosse prod façon Jamiroquai et Tower Of Power, ou, en tous cas, selon l’idée que je me fais de leur son : puissant, groovy et énergique !
J’ai gardé au maximum la reprise présente dans les micros : cela permet de créer un certain espace ainsi que de nourrir harmoniquement les instruments repiqués. Les seuls micros que je n’ai pas utilisés sont ceux de room qui, bien que très beau, mettaient le bazar dans l’image stéréo.
Ryan Hewitt dit que chaque mix devait avoir un élément « débile » : je pense en effet qu’il faut un peu de bêtises ici et là ! Ici je l’ai notamment fait sur la voix de l’intro et sur deux-trois éléments.
Ce travail d’entraînement au mixage m’amène à mieux définir ce que je cherche à atteindre. J’ai quelques « grands principes » que je cherche à appliquer lors de la prise de son, de la réalisation et du mixage :
– la recherche de l’émotion : de ne pas cacher la performance derrière des artifices, avoir un canal direct avec l’interprétation de l’artiste. J’aime les interprétations et les mix honnêtes, bruts, tranchants…
– avoir un parti pris et s’y tenir à 100% : choisir une direction et y aller à fond ! À vouloir faire trop de compromis, on arrive a quelque chose de mi-cuit et fade : ni salé, ni sucré, ni chaud, ni froid…
– je rajouterais désormais « l’excitation » ! Avoir des mix excitants, vivants …est stupide ! Je ne veux pas de mix sages, gentils, conformes et propres ! Je veux de la transpiration, de la sueur, de l’excitation et de la folie ! Ou au contraire de la douceur, de la finesse, de la légèreté mais totalement assumés et embrasser cette décision… Dans la mesure de ce que permet la prise de son et de ce que désire l’artiste et bien sûr sans rajouter aucun instrument. Bien évidemment !
Bon, ce mix n’est pas rempli de fureur et de sauvagerie punk et il montre bien que c’est à l’intérieur du cadre proposé par la chanson et la prise de son que l’on cherche à créer excitation, définition, émotion et authenticité.
Au final : un nouveau principe, de nouvelles techniques apprises, de nouveaux plugins apprivoisés et un template de mix à jour !
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